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Christine.

3 février 2007

Christine Mulot

P1020615_redimensionnerLa methode

Mosche Feldenkrais est un pionnier qui, à 14 ans, part de lui-même pour vivre en Israël. Il poursuit des études de physique, devient ingénieur, travaille en collaboration avec Pierre et Marie Curie. Parallèlement, il s’intéresse au judo, au jiu jitsu, enseigné par maître Kano. C’est lui qui va introduire le judo en Europe et l’enseigner. Cette pratique le met en relation profonde avec les lois de la pesanteur et avec les lois du corps, son regard étant aiguisé de par sa profession. Il y observe les lois de la physique dynamique, que l’on retrouve dans tous lez arts corporels, par contre, il est discret sur le concept d’énergie car, en tant que physicien, le terme correspond, pour lui, à un autre concept.

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La verticalité caractérise l’humain

Pendant ses cours de judo, il constate que les occidentaux s’organisent de façon différente des orientaux, qu’ils ont une fluidité plus limitée. Grand sportif, il avait des problèmes au genou que les médecins allopathes voulaient résoudre par la chirurgie, pronostiquant d’importantes séquelles, il décida donc d’observer comment il s’y prenait pour créer sa difficulté au genou. Il constate que ses cuisses et ses mollets sont très musclés, ce qui dénotait un travail excessif et une organisation tenant peu compte d’une répartition autour des ses chevilles et du bassin et demandant trop d’efforts au genou. Il regarde les animaux et les enfants bouger ce qui lui permet de se réorganiser, et d’éviter l’opération, il met au point sa méthode.

Comment le mouvement le mouvement et donc la vie traverse la croissance d’un être ?

Comment un enfant se met-il en mouvemen,t depuis sa naissance, comment passe-t-il du milieu aqueux au milieu terrestre depuis sa naissance ? Tous les enfants passent par les mêmes stades ; lever la tête, ramper, marcher à quatre pattes, se mettre debout … Le bébé apprend à utiliser la pesanteur et développe tout ce dont l’être a besoin pour acquérir la verticalité et construire son système neurophysiologique. La verticalité caractérise l’humain. Une grande partie de l’apprentissage du Qi Kong et du Tai Chi (techniques d’art corporels chinois pour la santé) consiste à préparer le corps en se plaçant dans une verticalité spécifique, poids dans les talons.

Dans la méthode Feldenkrais, on travaille sur la relation au naturel dans la verticalitéP1020615_redimensionner

Sans ajouts particuliers. Avec une attention bienveillante envers soi-même, on constate qu’un processus de mouvements effectués en conscience a introduit dans notre relation à la pesanteur une transformation Cela influence notre état d’être, notre spatialisation et a des répercussions sur la cuirasse « névrotique », en dissolvant la trace de schémas répétitifs… Au bout de quelques années de formation, la plupart d’entre nous ont eu besoin de réaménager l’espace de leur vie pour la rendre plus confortable.

Vigilance asiatique et science occidentale

Un corps sans tension est naturellement attiré par la gravité, dans une relation équilibrée entre le ciel et la terre. Les tensions, à un niveau physique, mental ou psychique, se reflètent dans la structure corporelle, créant un « travail » (au sens de la physique dynamique) qui utilise de l’énergie et interférant sur les intentions de l’individu. On pourrait dire que lorsqu’on a compris les lois de la physique dynamique, on aborde quelque chose de l’ordre de la physique quantique, on accède à d’autres valeurs.

Il y a là un apprentissage ; être dans une meilleure organisation de soi-même, au niveau du geste ou au niveau général, c’est-à-dire être plus conscient, présent à soi-même dans la vie. La séance fonctionne comme un laboratoire. On peut apporter cette même vigilance dans la vie quotidienne. Vigilance que l’on retrouve dans les

arts asiatiques et à laquelle on ajoute le savoir occidental.P1020593_redimensionner

M. Moshe Feldenkrais est aussi le premier neurophysiologue.

La façon dont on acquiert du savoir en occident est souvent en relation avec le besoin de reconnaissance, la compétition, le dépassement de soi. De nouvelles informations impliquent des situations de stress liées au modes d’évaluation intégrés. Dans cette méthode, c’est la-dessus qu’on intervient en créant une situation favorable pour laisser le système nerveux disponible à l’accueil de nouvelles informations. Cela n’étant pas en contradiction avec le fait que la leçon soit très structurée.

Le droit à la paresse

Chaque séance porte sur une prise de conscience : en faire moins, être présent ; constater comment nous avons tendance à nous échapper de nous-mêmes. Il ne s ‘agit pas de réussir le mouvement, mais d’être présent à chaque moment avec ce qui crée les conditions pour que « la cible aille vers le tireur à l’arc ».

On développe la vigilance dans le confort, par la sensation, pour réaliser un mouvement naturel non lié à la volonté, dépossédé le plus possible des parasites gestuels (froncer les sourcils, tirer la langue en faisant un effort, par exemple).

Une de nos questions est : comment s’adapter au mieux aux situations imposées par la vie (‘nous-mêmes ou les autres), ou comment se dégager de ce qui est inutile ? Dans un premier temps, Il s’agit d’économiser, c’est presque le droit à la paresse, pour rendre le système plus disponible, et dans un second temps, optimiser pour intégrer l’essentiel, développer l’adaptabilité, s’aimer mieux. Il y a alors création de nouveaux sillons dans le système nerveux.

C’est un apprentissage concret qui développe plus de sensibilité, plus de plaisir. Si nous connaissons mieux notre corps, notre être, nous partageons un
territoire plus différencié, plus important avec l’autre.

Il s’agit de comprendre l’organisation de nos mouvements, de devenir plus fonctionnels, plus adaptables. Les mouvements difficiles vont devenir faciles, agréables. 

Les mouvements sont abordables à tout âge, ils sont simples. Beaucoup de gens cessent d’explorer leur corps dès l’âge de 13 ans et vivent leur vie à partir de cette exploration. C’est une méthode ludique qui permet de retrouver le plaisir de jouer d’un enfant, d’explorer son propre corps.

Nous pouvons travailler à ce que notre vieillesse soit plus confortable à partir d’un corps plus différencié. Nos neurones diminuent à partir de vingt ans mais nous pouvons augmenter le nombre de nos connexions synaptiques, car elles sont infinies. Quelqu’un de plus vigilant, de plus souple va mieux s’utiliser et devenir plus adapté et peut avoir plus de souplesse qu’à vingt ans.

Le geste peut devenir acte

C’est un travail de compréhension de nos mécanismes au sain d’une globalité, une compréhension écologique de soi-même. Le premier outil que l’on a, étant le corps, c’est un bien très précieux qu’il est important de bien faire vivre par de-là l’image sociale.

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Il y a deux types de leçons :

Ø      Une par le toucher, l’intégration fonctionnelle. C’est une leçon, qui n’est pas verbale, mais qui passe par le toucher, le corps du praticien permet au corps de l’élève, directement d’organisme à organisme, d’intégrer une fonction. Dans la vie quotidienne, lever les bras pour attraper un pot de confiture, ou enlever un pull, est une fonction : et quelquefois cela ne fonctionne pas très bien, on peut donc favoriser chez l’élève la possibilité de devenir plus fonctionnel dans la vie quotidienne.

Ø      Une autre est la prise de conscience par le mouvement, on ne montre pas les mouvements, on les décrit verbalement. Il n’y a pas de modèle. La personne apprend s’accepter telle qu’elle est par rapport à elle-même et non par rapport à un enseignement qui montrerait un mouvement idéal.

REGARDER LES ETOILES

Il est bien de se donner le temps d’aborder des techniques qui travaillent notre structure. Dans notre vie quotidienne, nous sommes dans la répétition mécanique. Il y a des fonctions dans notre corps qui tendent à disparaître dans les villes, par exemple ; regarder les étoiles, cueillir un fruit sur l’arbre… et beaucoup d’entre nous
Dans cette méthode, on se restitue des fonctions. Nous donnons à notre squelette la possibilité de vivre ce qui lui est possible de faire, en étant présent à nous-même.

Cela permet à un jeune de s’organiser pour apprendre de façon plus efficace en passant par le corporel. Cela peut favoriser en lui une compréhension concrète de la physique, des mathématiques, développer un goût pour l’observation du vivant dans

Dans une gestion indépendante de ses propres tensions, car qui dit mieux être corporel, dit mieux être psychique.

DEVENIR PLUS LIBRE

Le praticien établit une relation de confiance qui permet à l’élève de lâcher des tensions, de comprendre une nouvelle organisation il accueille l’élève dans sa forme, ce qui lui permet de s’accueillir lui-même. C’est une découverte d’harmonie de la vie, des lois de la nature, ce que nous transgressons trop souvent.Nous nous redécouvrons, nous nous explorons et développons de nouveaux choix, par cela nous devenons plus libres, car nous pouvons nous libérer de nos compulsions gestuelles. Nous devenons plus attentifs, plus tolérants et doux envers nous-mêmes, et envers les autres. Nous développons plus d’amour.

En résumé, la méthode Feldenkrais associe la rigueur de l’occident à la conscience vigilante de l’orient.

Propos recueillis et rédigés par Martine Allard pour la Maison du Possible.

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